Danser Colossus
Nous serons 64 étudiant·e·s de l’École supérieure de ballet du Québec (ESBQ) et de l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCM) à danser sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier du 8 au 11 mars prochain, dans le cadre de la saison de Danse Danse. Un projet rassembleur, une expérience professionnelle incomparable.
Projet de la Stephanie Lake Dance Company basée à Melbourne en Australie, Colossus a été créé en 2018 avec des finissant·e·s de deux écoles de danse australiennes. Pendant 10 semaines, les étudiant·e·s ainsi que quelques pigistes ont constitué la première distribution. Nikky Muscat et Sarah McCorie, les répétitrices de la compagnie avec qui nous avons travaillé durant deux semaines intensives d’apprentissage en janvier dernier, en faisaient partie. Toujours transmis à des étudiant·e·s, le projet s’est rapidement fait connaître à travers le monde. Colossus s’est notamment produit à Hong Kong, en Allemagne et en France avant d’atterrir à Montréal, pour finalement se poursuivre à Genève et à Toronto dans les prochaines semaines.
Nikky et Sarah sont deux des quatre personnes responsables qui transmettent le matériel de la pièce aux quatre coins du globe. Elles sont toutes deux inspirées par le travail. « C’est magnifique de travailler avec le même matériel, mais avec différents corps dans le monde entier », dit Nikky. Sarah ajoute avec enthousiasme que l’œuvre « est à propos des danseurs qui font le travail ». En effet, bien que les deux répétitrices de la compagnie nous accompagnent dans le cheminement, c'est nous, les interprètes, qui donnons vie à la pièce et qui devons travailler fort pour arriver au résultat demandé.
© Ariane Laget - Agence Avec Sheila
La collaboration entre l’École de danse contemporaine de Montréal et l’École supérieure de ballet du Québec ne laisse pas les étudiant·e·s indifférent·e·s. Le projet est une manière d’élargir le cercle de contacts ainsi que « d’échanger, d’apprendre et d’évoluer ensemble », comme le souligne Clara Koçollari, étudiante à l’ESBQ. Jeanne Brabant-Lavigne, également aux études à l’École supérieure, croit, comme plusieurs, qu’un projet chorégraphique qui rallie les deux institutions aurait dû se faire depuis longtemps.« Les forces de chaque école se complètent tellement bien », dit-elle. Elle n’est pas la seule à le penser. Plusieurs, en m’incluant aussi, pensent que le mélange des styles permet d’avoir un équilibre entre la précision du classique et la vitalité du contemporain. C’est d’ailleurs ce que Colossus demande : une danse contemporaine dans un cadre qui s’inspire des codes du ballet, notamment avec le travail d’unisson et les détails chorégraphiques qui s’y rattachent.
« C’est important dans la communauté de la danse de ne pas séparer le ballet et le contemporain, on n’est pas quelque chose d’opposé », mentionne Rosalie Lamoureux, étudiante à l’EDCM. Ayant moi-même étudié à l’ESBQ et finissant maintenant mes études à l’EDCM, je constate que Colossus permet de briser des barrières entre les étudiant·e·s des deux écoles et de finalement se rejoindre grâce à notre passion.
© Ariane Laget - Agence Avec Sheila
Sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, le projet Colossus est colossal. Peu d’interprètes danseront avec un si grand nombre de personnes sur scène durant leur carrière et sur une aussi grande scène. Calista Caron, étudiante à l’ESBQ, dit que « tout le monde savait que c’était une opportunité spéciale ». C’est vrai, il y avait une belle énergie dans le studio durant les deux semaines de travail, qui continuera sans aucun doute lors des répétitions jusqu’aux spectacles. Je ne suis pas la seule à le penser. Pour Anaelle Carrette, aussi étudiante à l’École supérieure, l’expérience la plonge complètement dans le milieu professionnel de la danse, ce qui lui donne des outils pour apprendre à travailler avec les autres et sur elle-même.
Le nombre important de danseur·euse·s vient aussi avec ses défis. Gérer 64 personnes est un travail en soi que Nikky et Sarah font avec brio. Discipline et patience sont les mots d’ordre, car retenir l’attention d’autant d’interprètes devient rapidement chaotique.
Malgré tout, il y avait une « urgence d’apprendre », durant les deux semaines intensives, comme le souligne Rosalie Lamoureux. Ce besoin d’accomplissement était toujours présent et c’est probablement ce qui nous a permis de nous donner à la pièce aussi rapidement ainsi que d’apprécier le processus d’apprentissage. C’est « d’apprendre à une vitesse phénoménale une pièce d’envergure remplie de défis autant techniques qu’artistiques », comme le dit Méanne Belisle, étudiante à l’EDCM, qui rend l’expérience encore plus satisfaisante.
C’est donc un rendez-vous à la salle Wilfrid-Pelletier, à la Place-des-Arts de Montréal, du 8 au 11 mars prochain pour voir la finalité de ce processus.
Meggie Cloutier-Hamel, étudiante finissante à l’École de danse contemporaine de Montréal